Coaching et accompagnement : mon point de vue

Norbert Macia – lundi 17 décembre 2018 – Coaching   


IntroductionComment bien débuter dans l’univers du coaching ?

Le monde du coaching me fait parfois penser au monde politique avec, toutefois, un regard plus tolérant et compréhensif pour le premier des deux.

Comme je l’écrivais dans un autre article, « Pourquoi tant de coachs ? », la polyphonie du coaching est bien réelle et ne manque pas de générer tribus et autres curies, à l’image des bâtisseurs romains qui nommaient leurs écoles des noms de leurs maîtres, disposaient de flamines et honoraient leurs divinités.

Dans le monde du coaching actuel, la variété offre de fait une multitude de points de vue et de méthodes qui ne manquent pas de rencontrer un réel besoin (voire une carence) d’accompagnement.

Carences et besoin d’accompagnement

Ce besoin d’accompagnement, que certaines fines lames de l’analyse sociale ont bien voulu faire passer pour un phénomène de mode, s’est exprimé dans un temps sociétal qui, depuis l’accélération et la complexification de nos modes de vie hyperconnectés, nous renvoie, à intervalles réguliers, un sentiment d’isolement et d’atomisation. Alors même que nous sommes plus connectés qu’il y a 10, ou 20 ans, la détresse et l’angoisse augmentent : « connecté » ne veut pas dire « relié ». L’usage massif des antidépresseurs entretient l’illusion d’un mieux-être temporaire, alors que dans un même temps la disparition d’un de nos amis virtuels nous fige sur nos tablettes et claviers et nous questionne de manière tout aussi étrange.

C’est que nous sommes, que nous le voulions ou non, des êtres religieux : c’est-à-dire fondamentalement ancrés au besoin de nous relier à (…) ; y compris lorsque nous nous isolons virtuellement ou physiquement.

L’accompagnement humain est en ce sens un miroir, qui n’est ni celui de Narcisse, ni celui « aux alouettes » et aux faux semblants.

Il offre un espace de réflexion et de résonance à des pratiques sociales anciennes en provenance d’un fond traditionnel et culturel basé sur la rencontre et le partage. Ce qui « provient » est toujours déjà venu au moins une fois, et peut ne pas manquer de revenir. Dans de nombreuses familles, fraternités, cultures, dans chaque pays, dans chaque civilisation ancienne, la posture de l’accompagnant se trouve et le visage de l’ « autre » existe. Aimé et écouté, l’autre est alors un être vivant engagé et responsable vis-à-vis de son environnement humain proche.

Le visage de l’autre (Levinas), la présence de l’autre (Maldiney) : cet « autre », différent mais aussi semblable, prend pour l’occasion, et selon les époques, les traits du mage, du devin, du gouru, du guérisseur, du soignant, du conteur, du poète, du voyant, du passeur, du tuteur, du mentor, du guide, du compagnon, du maître, d’un père, une mère, un frère, une sœur.

Notre époque moderne, comme toutes celles qui l’ont précédée, possède les avantages de ses inconvénients : la mondialisation et l’instantanéité sont acquises alors même que le passage et l’accueil posent problème. Il en va un peu de même dans le monde du coaching et ses conflits de territoire.

Accompagnement et spécificités du coaching

Mon point de vue sur le coaching est qu’il doit être fondé ontologiquement et anthropologiquement,  sur des bases méthodologiques solides car son bon usage en dépend. La cohérence et le développement qualitatif du parcours et de l’expérience professionnels comptent pour beaucoup. Le travail sur soi est tout aussi important.

« Être coach », si l’on veut bien être fidèle à son propre langage (courant), signifie que l’on peut difficilement l’être durant un temps et ne plus l’être ensuite : il y a une constance interne dans « être » qui n’est pas celle des formations et des CV, qui eux relèvent de l’«avoir».

Faut-il pour autant ne pas se former au coaching ?

Non : les formations servent, entre autres choses, à confirmer ou à infirmer cette réalité intrinsèque qui relève de l’intime historique d’une personne.

En ce sens, le coaching n’est pas, selon moi, (contrairement à ce qui est souvent dit) un outil ou même une méthode : il inclut (on parlera alors de « coaching intégratif », mais est-ce finalement bien nécessaire ?) des outils, une méthodologie et une histoire qui remonte aux origines des pratiques sportives et militaires. « Citius, Altius, Fortius » était la devise du baron Pierre De Coubertin qui en fît, en 1894, lors de la création du Comité International Olympique à la Sorbonne, la devise des jeux olympiques.

Le coaching est un « état d’être », précisément, compris dans une pratique orientée positivement de sens.

Quel est l’objectif d’un accompagnement de type coaching ?

L’objectif et l’originalité d’une démarche d’accompagnement, dans le cadre d’une pratique de type « coaching », tendent à faire évoluer, progresser, à partir d’une situation de départ donnée.

Il y a donc une recherche de croissance personnelle, ou contextuelle, que l’on pourra appeler, tout aussi bien, « développement », « changement », « équilibre », « performance » ; qui s’inscrira, par ailleurs, dans une recherche de complétude ou d’évolution.

Cette pratique dotée de sens comprend, selon moi, 3 axes déterminants :

  • La signification.
  • La position.
  • la direction.

Qu’est-ce qu’ « accompagner » signifie ?

J’en ai déjà parlé ailleurs, « Du coaching vers l’accompagnement « , et mon point de vue sur le coaching ne change pas : c’est celui d’un coach sportif, formé au coaching et aux sciences humaines, qui entend et comprend l’accompagnement d’une personne comme un cheminement (méthode), intégrant une disponibilité et une compétence de chaque instant.

Celles-ci se déclinent, en pratique, comme suit :

  1. Etre présent pour une personne, non pas de prime abord pour ses objectifs annoncés ou sa demande exprimée, mais bien pour cette personne avant toute chose : sans véritable accueil et relation de confiance, aucun travail réel n’est possible.
  2. Entendre et comprendre ce que cette personne a à dire, au-delà même du « dit », car le « dit » n’épuise jamais le « dire » : permettre un espace de liberté et de potentialités.
  3. Participer à la mise en lumière de ce qui est masqué, caché, oublié, (dimension maïeutique) : ouvrir un espace de complétude et de révélation.
  4. Contribuer à trouver du sens (dimension herméneutique) et positionner des objectifs à atteindre et des directions à prendre en compte, comme autant de possibilités qu’il appartiendra au coaché de suivre ou ne pas suivre.
  5. Témoigner du déplacement effectué : l‘idée de trajet (car tout accompagnement est mouvement et trajet à la fois) est présente dans le coaching et le « coche » est bien celui qui est garant du dispositif (véhicule) dans lequel se produit le co-déplacement; indépendamment d’être un vecteur de reconnaissance pour la personne coachée.

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