La confiance et le contrat | 1

Norbert Macia – mardi 5 février 2013 – Développement personnel   


L’idée de vérité comme changement, le changement comme usure et renouvellement. Le vivant change à chaque instant par dégradation et renouvellement. Le vivant que nous sommes utilise aussi des mots pour communiquer et habiter un monde.  Les mots, eux, changent-ils ? Ne dit-on pas que « les paroles s’envolent, seuls les écrits restent » ? Restent-ils cependant à jamais inchangés ? Ou est-ce leurs usages qui changent, de part nos paroles, au point de leur faire dire et être autre chose que ce qu’ils sont, au point de nous détourner peut-être, nous-mêmes, de ce que nous sommes, croyant dire le vrai ?_

« Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux » (René Char)._

Étymologie de la confiance

Sur la confiance, un dictionnaire d’usage nous ouvre la voie et nous propose deux directions possibles :

  1. La confiance comme espérance ferme (foi), assurance, sécurité,
  2. La confiance comme sentiment qui fait que l’on se fie, à soi-même, aux autres,

« Faire confiance », « Avoir confiance », aurait donc quelque chose à voir avec un sentiment intérieur, intime, personnel ; mais aussi quelque chose avec l’extérieur,  ou du moins un « extérieur » sur lequel l’on mise, on gage, on s’engage.

Le dictionnaire étymologique du français Picoche (1) nous propose,  quant à lui, d’explorer plus en profondeur la confiance et ce par le chemin de la « Foi ».

Le terme « foi » proviendrait d’une « racine-indo-européenne bleidh » qui signifie « avoir confiance ». Cette racine s’approfondit de trois niveaux à partir de sa souche latine.

L’univers sémantique et « les traces de confiance », à partir de « Foi », se composent et se retrouvent dans les mots suivants : Fier, Fiable, Fiabilité, Fiancer (prendre un engagement), Fiançailles, Défier, Défiance, Défi, Confier, Confiant, Confiance, Méfier, Méfiance, Méfiant, Fidèle, Infidèle, Fidélité, Infidélité, Perfide, Perfidie, Confidence, Confident, Confidentiel, Confidentiellement, Fidéiste, Fidéisme, Fiduciaire, Confédérer, Confédération, Fédération, Fédéré, Fédérer, Fédératif, Fédéral, Fédéralisme, Fédéraliste, Fédéraliser.

Que se passe-t-il alors dans une relation, dans une équipe, lorsqu’une personne change aux yeux d’une autre personne, ou d’autres, ou bien lorsque ces mêmes autres changent aux yeux de quelqu’un ?

Il y a dans la confiance quelque chose qui est de l’ordre de la croyance, de l’idée, du doigt pointé vers le ciel, un au-delà. La confiance est -par essence- platonicienne.

Elle emprunte à un futur, élastique, ancré dans le présent étiré à la recherche de nouveaux points d’appui, zones d’achoppement, engagements renouvelables, transcendance. Ce futur que nous voulons, prédisons, comme l’égal d’un présent idéalisé : « Entre nous cela ne changera jamais »._

La confiance en entreprise

Ce qui définit la relation de travail en entreprise est un contrat, écrit, entre l’individu et l’entreprise. Cette relation singulière qui créée des droits, des obligations et des devoirs engage les parties prenantes. Ce même contrat inaugure et installe une relation de confiance entre individu et entreprise et lie les psychologies des uns et des autres autour d’une spéculation sur des possibles, des possibilités, sans cesse renouvelés, soumis aux aléas du quotidien.

La relation de confiance entre employeur et employé s’engage donc dès que le possible est rendu effectif par l’intermédiaire de la  contractualisation. Les auteurs de  Restaurer la confiance dans l’entreprise (2), affirment que derrière la confiance perdue se cache un contrat qui n’a jamais été écrit.

Le contrat non écrit est de fait l’autre versant du contrat écrit. Ainsi, tout comme dans la négociation, il est capital de le connaître au mieux sachant que celui-ci est par nature mouvant, vivant, inaccessible dans son entièreté.

En entreprise, lorsque l’écart entre le contrat écrit et le contrat non-écrit est trop important, les risques de projections sur l’autre, le fautif, augmentent à mesure que diminue notre niveau de confiance en ce dernier.

Pour pouvoir avoir confiance en l’autre il faut le reconnaître un minimum, à défaut de pouvoir le connaître entièrement. La confiance peut se nourrir de bribes, de signes, mais elle a un appétit régulier.

Ainsi en entreprise, tout comme pour les négociations, il est nécessaire de distinguer nos intérêts de nos positions. Nos positions disent où nous sommes et qui nous sommes, les intérêts justifieront (en partie) les questions du pourquoi et du comment.

Le contrat écrit, le contrat non-écrit, sont à penser à partir des positions et des intérêts de chacun. Comme nous le verrons dans un prochain article, la notion de confiance comprise dans le contexte de l’entreprise, se confrontera alors à d’autres éléments : la notion de rôle et les questions de pouvoir et de stratégie, au cœur des problématiques de management des hommes._

Bibliographie recommandée

1. Dictionnaire étymologique du français, Jacqueline Picoche, Éditions Le Robert, Collection Les Usuels, Paris, 2009

2. Restaurer la confiance dans l’entreprise, Frédéric Petitbon, Alain Reynaud, Hubert Heckmann, Éditions Dunod, Collection Stratégies et Management, Paris, 2010

3. Méthode de négociation, Alain Lempereur, Aurélien Colson, Éditions Dunod, Collection Stratégies et Management, Paris, 2010

Norbert Macia, éducateur sportif de son premier métier, après 10 années d’expérience dans le secteur du sport et des loisirs, Norbert Macia se reconvertit, en 2006, au coaching professionnel auprès des particuliers et des entreprises. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence en 2005, il s’oriente vers un troisième cycle universitaire en coaching qu’il obtient en 2006 à la Faculté d’Économie Appliquée d’Aix-en-Provence. Il intervient depuis lors auprès de grandes entreprises et institutions, tout comme dans différentes associations, réseaux et PME-TPE. D’un naturel accueillant et disponible, entrepreneur par vocation et rigoureux de par sa formation, il propose un travail, tant individuel que collectif, à partir des représentations et des croyances de chacun, de l’inventivité en équipe, de la spontanéité et la créativité comme ressources fondamentales, de l’implication et l’appropriation comme garanties de succès.

Mise en ligne : 05 février 2013

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