Qu’est-ce qu’avoir confiance en soi ?

Norbert Macia – dimanche 4 janvier 2015 – Développement personnel  - 1 Commentaire


Qu’est-ce qu’avoir confiance en soi ?

Le sentiment de confiance en soi et le manque de confiance en soi.

Cet article est tiré de ma conférence sur le thème de la confiance en soi. Il a pour but d’esquisser différents aspects du sentiment de confiance en soi, – car oui la confiance est un sentiment et une composante émotive -; proposer quelques pistes concrètes pour un développement de soi, quelque chose à voir avec le « développement personnel », mais aussi avec l’inconfort existentiel que chacun connait, ou a connu, au cours de certaines épreuves, expériences ou rencontres.

J’ai effectué, pour cette conférence, des recherches sur internet et j’ai volontairement couplé le mot « confiance » avec l’expression « développement personnel ».

On fait dès lors très rapidement le constat que la confiance, le sentiment de confiance en soi, est fréquemment envisagé à partir de la dimension comportementale et/ou psychologique; ce qui correspond à ce que certains auteurs désignent par :  approche intra-organique.

Mais, est-ce, la même chose : une personne souffrant de timidité, dont on pourrait dire d’elle qu’elle souffre d’un manque de confiance en elle et une autre personne qui n’est plus en capacité d’avoir des projets ou croire en l’avenir ?

Le terme de confiance et l’idée même que chacun peut se faire de la confiance renvoient à des réalités et des usages variés, mais avoir confiance en soi c’est en premier lieu : percevoir et ressentir le sentiment de confiance comme une forme de bienveillance, d’appréciation et de respect vis à vis de soi-même. Rien de narcissique là-dedans, la confiance en soi, bien placée comme l’est une voix à l’égard d’une note musicale, est juste et n’est ni de la présomption, ni de la condescendance.

Qu’est-ce qui conditionne et dimensionne le sentiment de confiance en soi ?

  • des processus mentaux inconscients qui relèvent de la dimension psychologique et comportementale,
  • des croyances conscientes, qui sont une forme de perception ou d’appréhension de la réalité vécue (relevant des dimensions, psychologique, philosophique et spirituelle, pouvant se coupler avec des processus mentaux inconscients),
  • des acquis éducatifs et culturels (famille, tradition, religions..) relevant de la transmission, de la reproduction et de l’imitation, ce que le psychologue Léon Festinger nomme « support social », ou encore ce que Pierre Bourdieu désignait par  « habitus »,
  • des dispositions d’être, la dimension existentielle propre à chacun d’entre nous qui détermine et caractérise le singulier en nous : ce que nous faisons aujourd’hui, (présent), en regard de ce qui va se produire demain, les éventualités, les possibilités, à partir de ce que nous avons reçu, notre mémoire, nos expériences, notre passé,
  • le rapport que chacun entretient avec l’angoisse et l’idée de séparation, de néant, ou de mort : la notion d’angoisse telle que conceptualisée par le philosophe Martin Heidegger, c’est-à-dire non en termes de sentiment -précisément- mais bien de tonalité (stimmung), de non-séparation entre le sujet et l’objet ce qui induit a-fortiori un phénomène total d’ouverture et de découverte de l’existence humaine comme « être-au-monde », et par extension de finitude de celle-ci,

Deux points importants pour pouvoir être dans l’ouverture, la projection, la recherche de consensus, la négociation ou encore la confrontation sans perdre ses moyens et préserver le sentiment de confiance en soi :

  • Avoir :

1) Un sentiment de connaissance de soi suffisant, qui s’est progressivement construit, déconstruit, reconstruit,

2) Un sentiment de sécurité intérieure suffisant,

  • Etre :

1) Présent à tout ce qui se passe au moment ou cela se passe,

2) Accepter d’être déstabilisé ou ne pas tout maîtriser dans ce qui se passe,

La célèbre citation du philosophe, essayiste et poète américain,  Ralph Waldo Emerson, « N’allez pas ou le chemin vous mène, allez plutôt là où il n’y a aucun chemin et tracez une voie. » est par excellence la figure de l’aventurier ou du combattant : se connaître et ne pas reculer devant l’inconnu ou la mise en danger.

L’aventurier est quelqu’un qui transcende les situations de la vie.

L’écrivain Milan Kundera définit l’aventure comme une « découverte passionnée de l’inconnu ».

Avoir confiance en soi, c’est donc partir à la découverte de soi.

Il y a-t-il un ou des domaine(s)de votre vie dans lequel(s) vous vous sentiez suffisamment en sécurité, dans lequel(s) vous avez la sensation de vous connaître pleinement ?

Vous avez là, la dimension acquise.

Vous pouvez vous essayer à lister ces domaines : quels mots, quels univers sémantiques, quelles réalités opérantes ?

Il y a-t-il un ou des domaine(s) de votre vie dans lequel(s) vous vous sentiez en totale insécurité et dans lequel(s) vous avez la sensation d’être dans la confusion la plus complète ?

Vous avez là, la dimension à acquérir.

La première dimension (dimension acquise), lorsqu’elle est clairement identifiée,  est celle sur laquelle vous pouvez vous appuyer, c’est le construit qui vous donne l’élan et  vous positionne en posture de leader, de bâtisseur, de maîtrise. C’est aussi la dimension extérieure, la dimension du projet et des réalisations.

La seconde dimension (dimension à acquérir), lorsqu’elle est clairement identifiée,   est celle qui vous positionne en posture d’attente, d’apprenant, de suiveur. C’est aussi la dimension intérieure, la dimension de l’introspection, du questionnement et de l’étude. Elle ne doit en aucun cas être perçue comme négative par rapport à la dimension acquise.

Confiance en soi et angoisse existentielle

Comme je l’ai mentionné plus avant, avoir confiance en soi c’est partir à la découverte de soi. J’aurais pu rajouter : si possible sans se perdre définitivement en cours de route (…).

Nous avons certainement tous expérimenté l’angoisse profonde (existentielle), celle qui fait que nous avons la sensation de perdre pieds, sous un sol qui se dérobe,  dans un état de quasi-sidération ou plus rien ne fait sens.

Le philosophe allemand Martin Heidegger a brillamment décrit, de manière originale, le phénomène d’angoisse en le soustrayant au champ de la psychologie. L’analytique de l’angoisse, pour Heidegger qui ne considère pas l’angoisse comme un sentiment, tient au fait que celle-ci n’est pas à l’intérieur d’une personne qui la projetterait de fait sur le monde; mais une tonalité fondamentale (Stimmung) appartenant au monde.

> Voir ici la définition détaillée  de « stimmung » proposée par Philippe Arjakovski sur le site Philosophies.tv <

Ainsi, si par moments le monde devient angoisse, celle-ci devient un phénomène total, englobant et déstabilisant car ne reposant sur rien de tangible, et ne donnant pour prise que son écoute.

Il n’y a plus alors de différentiation entre sujet et objet, et c’est bien cela qui permet aussi, toujours selon Heidegger, d’ouvrir un espace – un là- qui déchire la monotonie routinière de l’existence humaine et permet la rencontre avec soi ou avec d’autres « étants ».

C’est en ceci qu’il est en effet possible de se perdre, en partant à la découverte de soi, mais aussi de rencontrer et se retrouver. Le sol porteur, se substituant au « sans-fond », devient celui de la rencontre, du projet, ou de l’accomplissement personnel.

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