Être coach

Norbert Macia – dimanche 28 octobre 2012 – Coaching   


Être coach : specificites, roles, competences.

J’évoquerais aujourd’hui certains aspects de la question « être », et plus particulièrement ce que cela signifie lorsque nous affirmons « être coach », « être consultant », «être manager »… Ces propositions nous invitent à réfléchir sur  la dimension ontologique de l’Homme, c’est-à-dire sa capacité à « être humain », à se penser comme tel, à « être en tant qu’être ».__

Être, cette ouverture se referme pourtant dès lors qu’un qualificatif « coach », « consultant », « formateur », éclipse en partie, ou en totalité, « être ». C’est-à-dire, dès lors que l’on ne pense plus la catégorie qu’à partir d’elle-même sans penser la méta-catégorie, être, qui est son fondement.

Établir une posture ou un ensemble de compétences professionnelles à partir d’une « qualité d’être » qui se maintienne, de manière stable, en toute situation relationnelle, voilà l’enjeu  d’être coach.

« Être », cela semble  aller de soi, et c’est bien là que réside un écueil de la pensée : ici l’obstacle se nomme nihilisme. Nihilisme vient du latin nihil, « rien » mais aussi nehilium (c’est-à-dire « absence du hile, filament reliant des organes et dont la rupture est mortelle »).

Le nihilisme, c’est ce qui caractérise l’absence même d’un « questionner », la négation d’un « penser », d’un « méditer » ; négation d’un « reliant » de la pensée.

Or, être coach c’est questionner, penser, méditer, car deux écueils se profilent pour notre professionnel du coaching.

  1. Une recherche un peu désespérée, et parfois stérile, d’outils et de méthodes sans possibilité de relier ces outils à son métier (être coach, être consultant, être formateur…), lui-même relié à ce que serait le « méta-métier » : être.
  2. Ce positionnement, par défaut, que l’on convoque pour parer à tout (une sorte de « mode sans échec ») induit chez l’interlocuteur un questionnement de même nature. « Quels sont les outils que vous utilisez ? » est une question qui revient fréquemment chez les  prescripteurs de coaching.

Il n’est pas simple  (relève parfois même de l’exploit), de faire entendre à son interlocuteur que la question est mal posée et qu’il est essentiel de comprendre que le premier outil du coach est le coach lui-même.

Il est souhaitable, de mon point de vue, d’être en mesure d’expliciter cette différence caractéristique : nous pouvons coacher sans utiliser de méthodes d’évaluation ou d’outils normalisés, tout comme nous pouvons le faire avec, dès lors que les outils ne viennent amputer le travail, et que nous savons ce qu’est « coacher ».

Métaphoriquement parlant, nous pourrions dire que tout ce qui n’est pas questionné -tôt ou tard-  se détériore, s’entasse, se mélange ou se perd. Nos caves et nos garages l’illustrent parfaitement : lieux de dépôts ou d’évacuations d’objets et d’idées, de questionnements éludés. Débarras et embarras ont un point commun : ils caractérisent tous deux l’absence de voie que symbolisent l’encombrement et l’impasse.

Ne pas faire l’impasse sur « la question de l’être » est la proposition du philosophe Martin Heidegger.

Ce qui semble essentiel, selon le philosophe, paraît être une nécessité de déranger, « dé-ranger », une  évidence consistant à croire qu’« être » va de soi, et que nous savons tous penser « être ». La philosophie n’est pas uniquement une affaire d’érudition, elle peut être l’occasion de manifester et mettre à jour quelque chose de notre quotidien, de nos activités personnelles ou pratiques professionnelles.

Être coach, c’est aussi savoir-être,  Être coach, c’est aussi savoir-faire, mais que deviennent « savoir » et « avoir », si « être » n’est pas pensé ?_

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