Feedback #01 : Atelier Réseau Coaching Paris
Norbert Macia – samedi 18 mai 2019 – Coaching, Entrepreneuriat
Le premier Atelier-Rencontre Réseau Coaching qui eut lieu le 18 avril dernier à Paris, fut l’occasion de nous confronter aux réalités, difficultés, mais aussi défis et challenges, l’[en-jeu], du marché du travail des prestations de service à la personne et aux entreprises.
Aussi, en guise d’introduction, je proposai aux participant(e)s de prendre un temps de réflexion sur une citation de Michel Frois, militaire de carrière et homme d’affaires français : « Si vous ne dites pas ce qu’est votre entreprise, d’autres diront ce qu’elle n’est pas ».
Qu’est-ce à dire ?
Image et réalité professionnelles
Aujourd’hui, plus que jamais, le fait de ne pas dire, expliciter (non pas justifier), ce que vous êtes et faites professionnellement, offre la possibilité, à tous ceux qui ont le tic verbeux du Trolling, de pointer sur vous leurs propres insuffisances.
En psychanalyse cela s’appelle un transfert, négatif qui plus est.
Il y a donc l’image que nous renvoyons qui détermine, en partie, le discours extérieur sur nous-mêmes et notre propre discours venant, à l’occasion, renforcer ou discréditer notre image.
Entre ces deux axes, notre désir nous offre la possibilité de déplacer le curseur temporel entre une situation présente (à partir de données objectives) et une situation désirée.
Tel était l’objet de la réflexion proposée au point n°1.
Source : Management stratégique concurrentiel, Jean-Charles Mathé, Editions Vuibert, Paris, 2001
Point n° 2 : on ne s’improvise pas entrepreneur
Entreprendre nécessite de posséder, entretenir et développer, des compétences organisationnelles, managériales (le management comprend aussi le management de soi), relationnelles et commerciales, tout en faisant montre d’un certain leadership : c’est-à-dire une aptitude générale au pilotage, au guidage et à l’exemplarité.
L’activité entrepreneuriale, sociale par nature, commerciale par nécessité, est avant tout une activité « dans le monde », comme tournée vers lui.
A bonne distance des secrets vantés et commercialisés par les gourous du genre, les réalités entrepreneuriales sont d’une autre nature.
Certaines qualités personnelles peuvent faire la différence, elles peuvent aussi être travaillées et développées : nous ne sommes pas là dans la spécialité d’un métier mais bien dans la transversalité de l’activité entrepreneuriale propre à un métier donné.
J’en recense au moins quatre :
- Capacité organisationnelle,
- Aptitude à composer avec l’incertitude et le stress dans la durée,
- Capacité à trouver un sens émergent dans la complexité,
- Aptitude à fédérer autour d’une idée ou un projet.
Répartition du temps de travail
Tel était l’objet du point n°3 : concevoir son activité professionnelle à partir d’un temps contraint, ou temps de travail, (qui peut se décliner de différentes façons) et un temps libre, ou temps de restauration, récupération, etc., etc.
Ceci nous oblige à une recherche d’équilibre en tissant des liens intelligents entre ces deux domaines de notre vie, sans omettre notre vie familiale, et sociale, qui doit symboliser un pont entre ces deux rives et non une tour de guet.
Le 100% du temps représenté à l’étape 3 équivaut donc à la partie « vie professionnelle » du couple temps de travail / temps libre.
La pédagogie CEGOS propose, à ce sujet, de distinguer « plages de disponibilité » de « plages de tranquillité ».
Avoir une telle vision de son environnement professionnel suppose aussi d’entretenir une dynamique entrepreneuriale, que j’ai représenté sous la forme d’une dynamique circulaire composée de 5 axes interdépendants.
Dynamique entrepreneuriale
Ce fut l’objet des points 4 à 8 :
- Avoir une stratégie impliquant de requestionner nos représentations et notre vision du monde,
- Planifier notre organisation à partir d’objectifs, d’actions et de moyens à mobiliser,
- Faire l’expérience de l’entreprise : en retirer un apprentissage et des ressources,
- Entretenir et/ou faire émerger un sens à nos actions,
- Evaluer : prendre le temps de mesurer les écarts, trouver de nouvelles solutions aux problèmes rencontrés, innover.
Ce dernier axe me fournit l’occasion de travailler avec le groupe à partir d’un exercice permettant de faire prendre conscience de nos croyances limitantes.
Le résultat est à chaque fois étonnant : 1) un problème se pose, 2) l’énoncé du problème est sans ambiguïté, 3) nous ne trouvons pas la solution car nous nous imposons des contraintes qui ne figurent pas dans l’énoncé du problème.
Analogie avec notre vie quotidienne : il arrive bien souvent, lorsque nous sommes en prise avec des problèmes, de préférer renoncer, nous interdisant d’aller plus avant, plutôt que de se dire en soi que le fait que nous n’ayons pas accès à une solution, ne signifie pas que cette même solution n’existe bel et bien indépendamment de nous.
On ne manquera pas de relever le ressemblance avec le monde des idées éternelles de Platon : pourquoi pas ?
Une solution ne pourrait-elle pas être une idée fixe qui aurait bien tourné ?
A moins que cela ne relève de ce que les auteurs Jean-Christophe Messina et Cyril de Sousa Cardoso nomment, dans leur très inspirant petit livre, L’art de l’innovation (5), le « hasard créateur » ?
La focalisation (concentration) extrême doit donc être un point de vigilance.
Très efficace pour maintenir un niveau de contrôle en cours, elle l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit de trouver un accès, une voie de passage, une solution : ce que je nomme « viabilité », c’est-à-dire la capacité à prolonger un développement par connaissance immédiate, intuitive.
Un entrepreneur est une personne qui cultive un rapport équilibré entre focalisation et intuition, car il est avant tout question de « relation au monde » et non de « prise sur le monde ».
Ce type d’éclairage, ou de décentrement, se trouve aussi dans le roman d’Hermann Hesse, Siddhârta, lors d’un échange entre les deux principaux protagonistes que sont Govinda et Siddhârta (Bouda) :
« Quand on cherche, reprit Siddhârta, il arrive facilement que nos yeux ne voient pas l’objet de nos recherches ; ou ne trouve rien parce qu’ils sont inaccessibles à autre chose, parce qu’on ne songe toujours qu’à cet objet, parce qu’on s’est fixé un but à atteindre et qu’on est entièrement possédé par ce but. Qui dit chercheur dit avoir un but. Mais, trouver, c’est être libre. C’est être ouvert à tout, c’est n’avoir aucun but déterminé. Toi, vénérable, tu es peut-être en effet un chercheur ; mais le but que tu as devant les yeux et que tu essaies d’atteindre t’empêche justement de voir ce qui est tout proche de toi ».
Trouver c’est donc créer, créer des possibilités et des propositions là où, par acceptation, réflexe, confort, ou bien encore par manque d’implication et d’intérêt, les possibilités se referment et les actes se retiennent.
Très souvent, inconsciemment, ou bien encore par adhésion à une autorité externe qui se poserait comme légitime et toute puissante, nous consentons à des logiques sous-jacentes propres à la prise de décision de type sociale, ou communautaire, et reculons alors même que nous n’avions jamais été aussi proche de la solution.
Légitimité, autorité, pouvoir
Etre légitime, de mon point de vue, est avant tout une affaire intime et peut s’aborder d’au moins trois manières :
- La légitimité en soi, déterminée par la question de l’autorité interne : nous sommes nous-mêmes notre propre autorité et avançons par l’expérience et l’apprentissage de l’expérience (caractéristique autotélique de ce type de légitimité),
- La légitimité externe, soumise à des injonctions éducatives et sociales fortes et prégnantes posant, en soi, la question du rapport à l’autorité et au pouvoir coercitif, ou contraignant, mais aussi au pouvoir représentatif. Ce que le très controversé essayiste et conférencier français Idriss Aberkane nomme : « les couches du logiciel ».
- L’éthique (à la croisée des deux précédents chemins) : qui pose la question de la différenciation et des liens entre valeurs, déontologie, morale, liberté individuelle, responsabilité collective.
Nous poursuivrons donc ce travail de réflexion et de décloisonnement, lors de notre prochaine rencontre, afin de ne pas tomber « trop amoureux » de nos croyances limitantes, de la fatalité de la vie qui nous permet aussi parfois, indirectement et très confortablement de nous déresponsabiliser ; enfin de l’attentisme niais consistant à croire que tout arrive à point nommé par la sainte magie bienveillante d’un univers soudainement devenu empathique et réceptif à nos angoisses existentielles.
Bibliographie indicative
- Management stratégique concurrentiel, Jean-Charles Mathé, Editions Vuibert, Paris, 2001
- La boîte à outils de la gestion du temps, Pascale Bélorgey, Editions Dunod, Paris, 2014
- La boîte à outils du chef de projet, Jérôme Maes, François Debois, Editions Dunod, Paris, 2017
- La méthode Value Proposition Design, collectif, Editions Pearson Fance, 2015
- L’art de l’innovation, Jean-Christophe Messina, Cyril de Sousa Cardioso, Editions Eyrolles, 2017
A propos de l’auteur
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