Confiance et Croyances

Angélique Miralles – jeudi 21 février 2013 – Management   


Confiance & Croyances

Il y a quelques mois une expérience de groupe m’a permis de me remettre en question quant au sujet de la confiance.  C’est face à, et non avec, une équipe que j’ai exprimé ma sempiternelle attitude d’ouverture et d’extension de confiance.  J’ai, en retour, reçu une farouche résistance._

Très vite fait, j’ai compris l’importance du contexte dans lequel cette entreprise évoluait, un environnement hyper confidentiel, un secteur particulier (que je ne nomme pas par confidentialité) et un climat avéré de harcèlement.  Comprendre m’aide plus avec du recul à voir que ma « posture » n’était pas la plus adaptée à la situation.  Sur le coup, j’ai continué à m’ouvrir, à exprimer mon moi authentique jusqu’à une position de vulnérabilité, dans l’intention d’inviter le groupe à me rejoindre, à s’ouvrir, à  parler d’eux.  Beau ratage ou belle buche, comme vous préférez !

J’en suis arrivée à vouloir plaire à tout prix au groupe afin de « gagner leur confiance ».  Efforts vains qui me valurent d’être débauchée de ma mission pour sa suite.

Mais que s’est-il passé de si particulier lors de ces trois jours intensifs en terre lointaine ?

Tout a commencé par un « à priori ». J’allais avoir des compatriotes dans mon groupe, en fait mon équipe allait être majoritairement constituée de la même nationalité, complétée par quelques couleurs européennes.  De par mon expérience personnelle, j’avais gardé certaines croyances quant à notre culture nationale qui contribuèrent à me mettre dans une position de juge et donc de pouvoir.  Voyant arriver des femmes sures d’elles et en miroir avec ma position de supériorité, je me concentrais sur leur apprentissage et leur expérience.  Le début fut fort positif, garanti par la présence d’un haut missionnaire qui observait.  La suite continua par des incompréhensions sur les objectifs du programmes (responsabilité aucune), des soucis linguistiques (responsabilité aucune) et une grande résistance à la méthodologie (part de responsabilité).

Je profitais de sessions d’accompagnement individuel pour dédier 1h30 à chacun, en soirée, afin de tenter d’établir un climat de confiance.  En face à face, celui-ci était bel et bien présent et je pensais pouvoir « crier victoire » le lendemain matin.  Ces temps m’avaient permis de comprendre que nous avions une vision décalée des attentes sur le programme, le choix de la méthodologie n’étant que la partie visible de l’iceberg.  Je décidais donc d’approfondir et c’est alors que je découvris une croyance déterminante de la part de l’une des responsables.  Dans un programme de formation, il fallait recevoir du savoir et non pas parler de soi.  Parler de soi correspondait à du coaching.  S’exposer lors d’une formation ne garantissait pas un cadre assez sécurisant pour le justifier, sans compter le climat présent au sein de cette entreprise.  C’est donc cette croyance qui gouverna la résistance de la part d’une personne.  Pour une autre, c’était bien un sentiment d’impuissance au sein de la société qui lui laissait l’impression que progresser pour elle ne lui aurait rien amené de plus, en terme de confort et de reconnaissance.  Elle avait donc choisi de se dire que aux vues de ses excellentes relations au sommet de l’entreprise et de son rôle, elle n’allait pas s’exposer.

De mon coté, la frustration montait et descendait.  J’en arrivais à dire que tout cela n’était décidément pas confortable et qu’il était difficile de travailler dans un tel climat de résistance.  Cette ultime pas fut entendu comme un manque de confiance en moi et ne mena donc à aucune amélioration.

Lors de la dernière phase du projet, une participante de l’autre groupe vint me voir et me témoigna une grande confiance.  Elle ressentait la nécessité de se confier quant à son retour au sein du groupe, car elle avait été la seule à vraiment participer, et craignait donc l’exclusion.  Elle avait déjà envisagé de s’isoler lors du retour ou de se préparer à affronter le reste du groupe.  Nous avons passé une heure à construire son retour.

Au bout des trois jours, épuisée, je fis le point.  Certaines personnes n’avaient pas souhaité m’accorder leur confiance, d’autre l’avaient fait.  Qu’est ce qui avait motivé ces différences ?

Une partie de la réponse est surement dans ma posture et mes croyances qui ont contribué à entraver un flux générateur de relation.  Une autre partie est surement dans le contexte ambiant d’entreprise et dans la posture et les croyances des participants.  Ah ! confiance quand tu nous fuis !_

Angélique Miralles fondatrice et dirigeante de Isencea Développement, intervient en français, anglais et italien. Évaluatrice EFQM,  coach certifiée, consultante, facilitatrice, auteur, elle bénéficie d’une véritable expérience à l’international de 22 ans. Agile dans le changement, elle dispose d’une capacité d’adaptation rapide, de compétences pointues et d’une acuité face à l’environnement.  Elle apporte un éclairage culturel et un vécu à dimension européenne, conciliant les approches latines et anglo-saxonnes.  Sa vaste expérience auprès d’entreprises internationales qui sont à la pointe du management, lui permet de s’enrichir continuellement._

Mise en ligne : 21/02/2013

 

A propos de l’auteur

Laisser un commentaire